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Date de publication
Age-cible

Les aventures oubliées du Baron de Münchhausen, tome 1 : Les Orientales

Sélection des rédacteurs
Bande dessinée
à partir de 13 ans
: 2749302617
13.00
euros

L'avis de Ricochet

Avant l’album

Karl Friedrich Hiéronymus, baron de Münchausen, a réellement existé. Gentilhomme allemand, officier à la solde des Russes, le baron est né en 1720 et mort en 1797. Ce fut un soldat qui combattit les Turcs en 1740, ce qui constitua sans nul doute son exploit le plus fameux. Il racontait très volontiers ses faits d’armes à ses amis, n’hésitant pas pour l’intérêt de son récit, à enjoliver quelque peu son propre rôle.

Mais notre baron serait sans doute tombé dans l’oubli après sa mort si l’écrivain Rudolph Erich Rapse n’avait recueilli ses récits puis publié les textes dans une édition en anglais en 1785. Enfin l’écrivain allemand Gottfried Bürger s’en empara à nouveau, retraduisit et remania le texte qu’il publia en 1786. C’est Théophile Gautier qui traduisit l’épopée du baron en français pour l’édition qui parut en France un peu plus tard. On peut trouver ce texte aux éditions José Corti, Les Aventures du baron de Münchhausen, de G. Bürger, publié en 1998 dans la collection Merveilleux.

Ce personnage très haut en couleurs, baratineur, bretteur, séducteur et voyageur, est plus connu du grand public grâce au film de Terry Gilliam, sorti en 1989, qui met en scène avec brio et inspiration le fantasque baron, dans une adaptation tenant du récit d’aventures, du fantastique et de la comédie en même temps. John Neville tient le rôle du baron et l’action se déroule dans un dix-huitième siècle de fantaisie, dans une ville assiégée par l’armée turque. Le Théâtre Royal, l’un des rares bâtiments de la ville, est encore debout et les comédiens s’échinent à jouer un spectacle grandiose, plein de machineries et d’effets spéciaux, qui s’intitule Les Aventures du baron de Münchausen ». C’est alors qu’au beau milieu d’une scène, un vieillard se lèvre parmi les spectateurs et dit qu’il est le véritable baron. Il annonce aux habitants de la ville qu’il est capable de repousser les Turcs …


L’album : ce que le génial Olivier Supiot met en images dans cet album n’est pas raconté dans le récit de G. Bürger, n’est pas ce qu’a vécu le baron ou ce qu’il a raconté plus tard. Mais cela pourrait. Olivier Supiot s’empare en effet de cette matière romanesque très riche et imagine d’autres aventures, tout aussi extraordinaires, et met en scène un personnage déchu, à la fois misérable et fascinant, que les mots et l’imagination font peu à peu renaître.

Dès la première page de l’album où se découpe l’anguleuse silhouette de Karl Hieronymus von Münchhausen, il nous met en garde : « Cette histoire est véridique, bien des malfaisants d’obstinent à dire que je suis un vieux fou qui raconte ses périples douteux à une cour avinée, avide de sensations fortes et de contrées lointaines. » Pourtant il est en bien fâcheuse posture, notre héros. Nous sommes en 1870 dans le désert de Wadi Rum au cœur de l’empire ottoman, et le baron est un esclave, enfermé dans une cage et il se tait. Seuls ses yeux disent sa rage. Le sultan qui l’a acheté le met au défi : s’il veut la vie sauve, comme la Shéhérazade d’autres contes d’Orient, le baron doit parler et lui raconter ses aventures édifiantes, lui faire croire à ses mensonges ! Le baron, ne pouvant résister à cet appel, raconte alors son odyssée orientale au cours de laquelle il croise en mer des pirates qu’il extermine en un coup de sabre, puis la Mort qu’il met en attente, et un monstre marin redoutable qui provoque un naufrage. Sur l’île où il échoue, notre baron va vivre une expérience étrange, cruelle et poétique, en compagnie d’une femme géante énigmatique …

C’est un album très réussi, jubilatoire, foisonnant d’idées et très beau graphiquement. Ses paysages de désert ou de mer sont également convaincants. On est bien ici dans un récit picaresque, où les mots créent des merveilles et de délicieux frissons. Les vignettes d’Olivier Supiot sont de véritables tableaux, hautes en couleurs, où évoluent les personnages d’une grande expressivité. Supiot a été particulièrement inspiré par le personnage du baron, dont le visage éclairé par un regard dur et bleu hante véritablement les cases.