Les mille mercis

Sous sa couette patchwork colorée, un enfant sommeille. À son réveil, il enjambe la lune, s’envole et commence à la première personne la litanie des « mercis». Il n’y n’a pas mille mais il égrène avec fantaisie ses remerciements à la lune, au soleil, à l’arbre, à la pluie et plus surprenant, il rend grâce aussi à ses bottes, son bonnet, sa brosse à dents.

Cet action de grâce joyeux se décline sous une forme graphique minimale, lumineuse où s’enchaînent et se succèdent avec fluidité les mots du narrateur et les idées juxtaposées.

Le lecteur est entraîné dans une ronde rythmée par les répétitions d’une même structure anaphorique « je remercie... » suivie de l’objet mis en lumière puis d’ une qualification positive, savoureuse lorsqu’il s’agit de sa sœur « qui prend toujours les devants » et que l’on voit hardiment dans l’eau alors que son frère hésite prudemment sur le plongeoir car l’enfant n’a pas honte de montrer quelques petites faiblesses : il a peur des oies qu’il remercierait bien quand même.

L’auteur fait preuve de fantaisie, et nous amène à considérer des choses simples et heureuses : le jaune et le bleu «  pour le vert » et le « vert qui nous dit : C’EST PARTI ! ».

La mise en page de ces formulettes accompagne le message. Ainsi « partir » nous mène en train ; et lorsqu’il évoque le chemin qu’on peut faire avec des bottes, la phrase mime le chemin qui serpente. Les couleurs tour à tour profondes comme les bleu et vert de la nuit, ou légères des nuages et des bulles du bain contribuent à la bonne humeur d’ensemble

Il y a dans cet album modeste, une joie de vivre, un désir de partager l’émerveillement au monde qui réchauffe le cœur.