Les Profondeurs de la mer

C’est la troisième année en Suède pour Steffi et sa petite sœur Nelli, Juives hébergées dans des familles d’accueil. Et tout semble aller mal : Steffi risque de perdre sa bourse d’études, Nelli ne veut plus entendre parler de leurs parents… Et très peu de nouvelles de ces derniers en Autriche. L’été et les vacances sur l’île arrivent. Steffi révise avec une professeur pour pouvoir sauter une classe et conserver sa bourse. Le drame survient brusuqement, par une courte lettre du père annonçant le décès de leur mère. Steffi et Nelli dépassent leurs différends, conscientes de devoir s’épauler.

Avec ce troisième tome, le lecteur est désormais attaché à l’héroïne principale Steffi, jeune adolescente (trop) sérieuse, qu’il suit à travers un narrateur anonyme centré sur elle. Les soucis de Steffi sont à la fois ceux d’une adolescente (les garçons et les habits, une amie trop jeune enceinte), d’une écolière douée mais pauvre, d’une grande sœur soucieuse de sa cadette, et d’une jeune Juive prise dans la tourmente de la Seconde Guerre Mondiale. Annika Thor réussit encore le tour de force de rendre avec finesse le personnage dans toute sa complexité, par de courts chapitres de sa vie quotidienne. Vécue à distance, la guerre n’en pèse pas moins lourd sur son coeur, que ce soit parce qu’elle reçoit des insultes, qu’elle s’interroge sur l’importance à donner à sa religion (« Avant l’arrivée des Allemands, Steffi ne se voyait pas comme une Juive. », p. 115), ou qu’elle comprenne que rien ne sera plus jamais pareil pour sa famille. Plus que tout, ce que l’on retiendra de ce beau roman, c’est la force de vie et l’optimisme de la jeune fille. Le quatrième tome clôturera la série – qui, à n’en pas douter, fera date dans la littérature jeune -, et le lecteur ne peut s’empêcher de lui imaginer un bel avenir (un amour ?).