Les rêves s'affolent

Les rêves s’affolent, recueil de Jean et Anastassia Elias dans l’élégante collection « Pommes Pirates Papillons » est constitué de petits poèmes en deux temps, trois mouvements ! Sur une matrice simple « je rêve que… », la forme anaphorique ouvre la subjectivité du poète sur le monde. De superbes illustrations donnent forme aux rêves en gris, noir et blanc entre réel et surréalisme. Les textes comme autant de petits tableaux évoquent des images : de la cheminée d’en face s’élève la fumée comme la musique, déposée sur le fil. A nous d’imaginer les hirondelles ! Les rêves s’envolent ou accablent le rêveur et parfois, une référence à Baudelaire laisse entrevoir les ailes du poète de l’albatros empêtré au réveil. Les rêves opposent l’ailleurs et l’ici du réel. Jeu du langage, l’ailleurs suggéré par la langue ouvre la « longue route », prolongée visuellement par une robe paysage et les longues mains tannées d’une femme tsigane. Les poèmes utilisent des notes d’humour avec des jeux de mots : le ventilateur évoque la chaleur du soleil et « rafraîchit la mémoire ». Mélange de concret et d’abstrait, plusieurs poèmes s’amusent avec cocasserie des situations. Mystère et ombres, soleil, naissance, la clé du recueil est « la langue maternelle des rêves » , celle où l’écrivain puise sa conception de la poésie pour lire et comprendre le monde. La réussite de ce recueil tient à la complémentarité des textes et des images. Les créations verbales sont un peu inégales mais souvent les illustrations donnent corps au langage et exaltent le sens porté par les mots dans une réciprocité magique.