L’été des mangeurs d’étoiles

Dans ce petit village où tous les étés se ressemblent, l’arrivée de Selma et Nedim, jeunes turcs, laisse entrevoir les préjugés, les douleurs ou l’ouverture d’une bande de jeunes gens. Adrien, Julien, Marion, Anne, Laure, Mathilde, Ada, Pierre, Eric et Philippe se retrouvent tous les ans. Certains habitent au village, d’autres sont en vacances occasionnellement, d’autres encore travaillent. Mais tous demandent à rêver .



« Le pain est là sur mes genoux

Et les étoiles très loin de moi

J’y mords en contemplant les astres

Et gorgée de rêve

Incroyablement

Je mange les étoiles »



Toute la pièce est à l’image de ce texte inaugural : poétique, simple et beau. Tout en rendant compte des sentiments des adolescents, de leur joie de se retrouver tous les ans, de leurs angoisses et de leurs jalousies, Françoise du Chaxel sait harmoniser des paroles d’amour au langage familier et montrer comment l’intégration peut se faire simplement, par des mots et des gestes, presque malgré soi. Selma attire le regard des garçons par sa beauté tandis que Nedim séduit par son sérieux et son étrangeté. Tout le village s’interroge quand il disparaît, lui l’étranger devenu familier et indispensable au paysage. Son absence renvoie chacun à sa solitude.

Ce texte poétique touche vraiment par sa simplicité, les questions qu’il pose en filigrane et l’authenticité de ses situations. L’alternance de scènes de groupes, de monologues ou de dialogues intimes imprime un rythme très efficace. C’est aussi très ingénieux de glisser quelques extraits de textes poétiques, souvent turcs, à l’intérieur des tirades des adolescents et intéressant de la part de l’éditeur d’indiquer les références exactes des textes. Indispensable.