L'homme qui cultivait les comètes

Dans un temps qu’on devine ancien et un lieu incertain, deux enfants, l'aîné Arno (dix ans) et le jeune Bruno, vivent avec leur mère Myriam, femme libre et fantasque. La vie est rude, proche de la nature, et les enfants ne vont pas tous les jours à l'école. Arno attend le retour supposé de son père, dont il ne reçoit qu'une lettre annuelle. Le temps passe, et au grand dam du petit garçon, Myriam se rapproche du boulanger et maire du village. Une proposition de mariage se profile... Bouleversé, Arno arpente la montagne, jusqu'à tomber sur un mystérieux inconnu, qui se prétend « cultivateur de comètes ». Arno se prend au jeu, contre l'avis de sa mère.

Etrange roman à la belle langue envoûtante, à l'histoire perceptible qui défend un côté doucement fantastique, aux personnages écorchés vifs vivant selon leurs instincts... L'homme qui cultivait des comètes offre d'abord une ambiance, celle d'un lieu isolé et légèrement triste, et où tout se surveille d'une maison à l'autre, et où tout peut se passer, de la violence des sentiments aux miracles étoilés. Le rythme est lent, les plaisirs rares, le quotidien brut (comme la laine de la gentille brebis Coco). Rien d'étonnant alors à ce que le jeune Arno rêve à la fois d'un père qui le protégerait, l'encouragerait, et d'un ailleurs plein de promesses.
L'inconnu avec ses comètes incarne tout cela, quelle que soit la symbolique et la valeur qu'on accorde au phénomène : cette poudre brillante plantée dans la terre est-elle un jeu malicieux de l'homme pour distraire l'enfant, ou à prendre au pied de la lettre dans l'économie du roman ? Peu importe, ces étoiles filantes elles serviront bien de déclencheur à un mouvement de la famille du petit héros. Et c'est la pourtant explosive mère qui compose le personnage le moins affirmé, papillon certes aimant mais volatil. Elle suivra sans trop ciller l'opinion de son fils (sans doute à raison), et choisira finalement une destinée de femme mariée plutôt convenue, elle si attachée à sa liberté. Mais tout est affaire d'interprétation, et ce roman exigeant ne laissera pas d'interpeller son lecteur, à partir de 15/16 ans.