L'Indien dans la nuit blanche

D’entrée de jeu, le narrateur se présente par rapport à son grand frère, le COW BOY, un cow boy au visage un peu triste, dans un far west fait de montagne, de cheval et de saloon. L’atmosphère un peu lourde trouve son explication lorsque le narrateur dit « moi, je suis l’INDIEN ». Tout cela évoque immédiatement la guerre, la relation de pouvoir entre les deux et effectivement, la page suivante la guerre est déclarée.

L’illustration de Laurent Corvaisier, tout en couleurs et en mouvement, emplit la page de bruit et de fureur. La flèche de l’indien transperce le chapeau du cow boy abrité par un rocher. Pourtant la réalité semble moins glorieuse, le cow boy vise l’indien et le repli sous la table du petit frère. Le jeu mime la réalité des relations entre frères et la distance entre le réel et l’imaginaire est symbolisée par la table tipi où le cadet se protège de son aîné. Le petit garçon se fait du cinéma, Cochise, Géronimo, l’harmonica. Mais, l’héroïsme a ses limites et les rapports dominant / dominé s’inverse. Le grand frère a peur de la solitude et il souhaite le retour de son frère dans la chambre. Après la guerre, il faut faire la paix.

Sous une très grande simplicité d’écriture, l’implicite vibre, on sent la tension et même la perversité palpable entre les deux enfants. De couleurs vives et à demi-mots, cet album parlera à beaucoup de jeunes lecteurs.