Lisa et Moïse

Lisa est en vacances en Côte d’Ivoire avec sa mère. Son père est absent, elle boude sur la plage jusqu’à sa rencontre avec Moïse, jeune pêcheur de crabes. Il lui fait découvrir son village et la vieille Tante Adélaïde, un peu sorcière. Le dernier jour, le club de vacanciers est évacué précipitamment : c’est la guerre.
Le lecteur a l’impression de « flotter » sur cette histoire au rythme lent qui plonge une jeune Française dans l’Afrique profonde. Si la face de la pauvreté n’est pas occultée (le père de Moïse est parti travailler au Ghana, une jeune fille ne va pas à l’école), c’est surtout la joie de vivre, d’être ensemble qui domine au village de Moïse rempli d’enfants. A contrario, dans un choc des cultures finement suggéré, le club des vacanciers clos sur lui-même ne voit rien du pays (« […] jusqu’à présent, elle avait vu les maisons, mais sans réaliser que des gens, des familles avec leurs enfants, pouvaient y vivre. », p. 13) et les Occidentaux qui y résident restent enfermés dans leurs habitudes et leurs soucis. Lisa passe d’un monde à l’autre comme dans un conte, selon des règles précises : un bateau, des heures à ne pas dépasser… Moïse est alors son prince charmant, ami-amoureux sans frontières. Un conte moderne donc, qui bascule vite dans le drame bien réel, la guerre civile qui menace à tout instant la vie des habitants. Hybride entre l’Afrique et l’Occident, l’imaginaire et le véridique, porteur de messages de tolérance forts, Lisa et Moïse est un petit livre ensorcelant.