L'oiseau en cage

Le fait est connu, Vincent Van Gogh écrivait beaucoup à son frère Théo. L'album part d'un extrait d'une missive de 1880, une métaphore sur la liberté à partir d'un oiseau en cage. Au printemps, le volatile regarde les autres nicher, couver, et sent confusément un malaise. Puis ce sont les migrations auxquelles il ne participe pas. De quoi se plaint-il ? Il a tout ce qu'il lui faut dans sa cage protégée, dit l'enfant. Van Gogh conclut par l'importance d'une « affection profonde, sérieuse » qui compense l'état de prisonnier de l'oiseau et lui redonne un élan de vie.

Sur ce beau texte empreint de poésie et de philosophie, le livre campe d'immenses images. Elles n'ont pas beaucoup à voir avec le style de Van Gogh. Parfois d'inspiration cubique (des profils à la Picasso), parfois des esquisses innovantes, elles représentent souvent la liberté, et reprennent toutefois des « morceaux » de nuit ou de soleil de l'artiste maudit. Les papiers découpés, les couleurs vives contrastées, le faux nez et le chapeau pointu de l'enfant qui s'illusionne ne ressemblent à rien d'autre : comme l'art de Van Gogh, finalement. Un album franchement étonnant, pas facile, mais très intéressant.