Maman solo

La solitude est un concept abstrait pour de jeunes enfants. Paule Brière réussit pourtant à présenter ce thème avec brio et simplicité dans son album Maman Solo.
Ce récit s’amorce sur un ton mélancolique, car l’héroïne se sent seule. Malgré une maman qui l’adore, Malou, fille unique, s’ennuie. Elle s’ennuie de son papa, même si elle ne le connait pas. Elle s’ennuie de ses copains, même si elle n’en a pas.
Comme la mère de Malou est violoniste, la fillette voyage beaucoup, ce qui a pour avantage de lui faire voir du pays. Ce qui a pour désavantage qu’elle n’a jamais le temps de s’enraciner dans un endroit.
Jusqu’au jour où Malou et sa maman décident d’aller au cirque, une sortie qui les entraînera toutes deux dans une fabuleuse histoire d’amour. Mère et fille ont en effet le coup de foudre pour une famille de funambules. Les quatre enfants de cette joyeuse tribu dorment dans des hamacs et vivent dans une roulotte ! Tiens, tiens, ça tombe bien, le papa acrobate n’a pas d’épouse. Adieu solitude. Bonjour famille reconstituée. Voilà Malou comblée !
Cette histoire toute en douceur, romanesque à souhait, aborde subtilement un thème d’actualité : celui de la famille monoparentale. Si le sujet est dans l’air du temps, le traitement visuel a cependant un petit côté ancien qui n’est pas dénué de charme.
L’illustratrice Gabrielle Grimard affiche son romantisme dans des détails révélateurs : longues chevelures qui flottent au vent, des fleurs partout et l’équilibriste qui courtise la violoniste avec un baisemain délicieusement suranné. Dans leurs longues robes colorées et ballonnantes, Malou et sa mère ressemblent davantage à des gitanes d’antan qu’à des personnes du 21e siècle. Si ce n’était de la tasse de café en styromousse et d’une antenne satellite perchée au haut d’un édifice, on se croirait dans des temps anciens, dans un royaume imaginaire ou dans un conte de fée. Un foisonnement de teintes rose vif, rouge et or confèrent une aura radieuse et flamboyante à cette histoire qui donne chaud au cœur.