Arthus est en « dégoût scolaire ». Le petit garçon sait bien qu’il n’est pas bête, mais la maîtresse Muriel ne le comprend décidément pas, jusqu’à le faire devenir transparent. Arthus va alors mettre un point d’honneur à faire découvrir à sa classe le beau et l’art, à travers une sortie à Paris pour une comédie musicale.
Ecouter le narrateur Arthus, c’est assister à un réquisitoire contre les méthodes globalisantes, souvent mal adaptées et psychologiquement rudes de l’Education Nationale. Et inversement à un plaidoyer pour un retour à la lenteur, la contemplation et « le beau dans la vie ». Plus curieusement, Audren s’acharne contre une enseignante en particulier, exception misanthrope au milieu d’un personnel heureusement largement attaché à ses missions. Arthus le solitaire, le différent, nous touche par sa maturité – ses amis sont tous les commerçants adultes de la rue : fleuriste, boulanger, galeriste d’art et écrivain -, sa sensibilité et sa ténacité. Si la morale de l’histoire est un peu appuyée, sans doute n’écrira-t-on jamais assez sur l’importance du futile, du gratuit, dans un monde d’utile soutenu dès les bancs de l’école. Et quoi de mieux qu’un regard d’enfant pour le défendre ?

Sophie Pilaire