Mémoires d'un nain (pas si) grincheux

Grincheux n’en peut plus : les habitants de Livredeconte n’ont de cesse de l’assaillir de questions afin de savoir ce qui pousse le nain à être aussi renfrogné et solitaire. Ce que les autres nains, la Mère Michel, Reine (la belle-mère de Blanche Neige) ou Rose, sa thérapeute, ne comprennent pas c’est que Grincheux ne fait pas exprès d’être d’humeur maussade et c’est finalement pour renforcer ses proches dans leurs croyances qu’il s’ingénie coûte que coûte à passer pour le rabat-joie de service. Or l’arrivée au village de la charmante cousine de Boucle d’Or, Perle, va bouleverser la vie de Grincheux. Par amour pour la jeune fille à qui il aimerait tant renvoyer les innombrables sourires qu’elle lui adresse, Grincheux décide de partir à la recherche périlleuse de cette plante baptisée « Bonheuratus », dont lui a parlé Rose, plante qui serait capable de lui rendre enfin le sourire.

Après Reine, qui nous avait confié dans son Journal intime de la Belle-mère (pas si) cruelle de Blanche-Neige, sa volonté de devenir gentille et qui nous avait décrit tous les efforts entrepris pour ce faire, c’est au tour de ce personnage célébrissime de conte de nous raconter ses déboires. Parce que le fait de ne pas sourire à celle qu’il l’aime le peine énormément et est devenu une réelle souffrance, Grincheux décide d’entreprendre la quête de cette fleur magique qui résoudra son problème. Plus que cette plante miracle, l’on découvrira dans ce livre que c’est finalement l’amour qui exhortera Grincheux à changer.
Cette fiction par l’intrigue haletante et drôle qu’elle met en place, par la description des relations tantôt complices, tantôt conflictuelles entre les personnages à laquelle elle procède et par l’analyse à laquelle elle pousse le personnage principal, transmet au jeune lecteur des valeurs de tolérance, d’amour et d’acceptation de soi. Valeurs que ce livre en tant qu’objet revendique également puisque une typographie orange sur des pages également colorées favorise la lecture des enfants dyslexiques.
Ajoutons que la lecture est très habilement prolongée et approfondie par des activités de lecture à l’adresse non seulement des enfants, mais également des professeurs, par des recettes de cuisine rigolotes en rapport avec les personnages de l’histoire et une fiche d’identité du personnage principal.
Une nouvelle réussite donc de Catherine Girard-Audet qui vient s’ajouter à la collection parodique « l’envers des contes de fées ».