Une mère et son fils font du camping dans la forêt ; ils sont bien organisés et équipés. Un peu plus loin, une grosse poubelle en plastique attire une maman ourse et son ourson. Le petit animal tombe dans la poubelle. Le repas achevé, comment en sortir ? L'ourson s'affole. L'enfant humain découvre alors le drame en venant jeter des sacs plastique. La mère vient en renfort (et en voiture), mais l'ourse adulte défend son petit emprisonné. A force de ruse, les humains parviennent à planter un tronc dans la poubelle, permettant à l'ourson de grimper et sortir. Ouf ! La nuit sera douce pour les cœurs apaisés.

Quasiment sans paroles, l'album se décrypte aisément avec ses dessins clairs et nets, mixte de feutres et de papiers découpés. L'effet rendu est agréable à l’œil, volontairement imparfait, en complet accord avec cette nature rugueuse et ces deux ursidés massifs. Il n'y a presque pas de texte, ou plutôt une unique phrase parfois négative, conjuguée au présent et à tous les pronoms de la troisième personne : « il a peur », « ils ont peur », « ils n'ont plus peur », « elle a très peur », etc.

L'émotion est donc analysée sous toutes ses coutures, selon ses gradations, ses objets : peur de quelque chose, peur pour quelqu'un, etc. Au fond, c'est assez pédagogique, et plutôt marquant pour le jeune lecteur qui frissonne tout autant que les personnages. Car le « il » ou « elle » peut aussi bien être l'humain que l'animal, dans une sorte de communion de sentiments maternels et filiaux. Joli et original.

Sophie Pilaire