Né sur X

Nicolas, 10 ans, est « né sous X ». Depuis qu’il sait cette vérité, le jeune garçon s’imagine né sur la planète X, prisonnier sur Terre des Gloums. Sa rencontre avec un petit voisin maltraité, son adoption d’un chien errant auquel il faut trouver un nom vont le faire évoluer vers une acceptation de sa situation.
Le narrateur Nicolas écrit un journal de bord censé accompagner son retour sur X, et il en emprunte complètement le style : absence récurrente de sujet (« Ai décidé de poursuivre l’enquête. Me sens très solidaire de Thomas. », p. 32), phrases courtes et informatives, petites fiches de renseignements et fausses coupures de presse. Tous les termes qui lient le petit garçon à son délire sont en italique : Gloum, geôlier, alien, cellule de détention… Son imagination est calquée sur les films de science-fiction qu’il a pu voir, à commencer par E.T. Cette écriture fantasmatique et torturée (voir les jours de la semaine sur X : « mumdi, motherdi, mèredi, mamadi, mutterdi, papadi, papanche », p. 19) devient plus fluide vers la fin, et l’italique disparaît dans les dernières pages au profit de « maman » et de « chambre » : Nicolas a accepté de ne plus se mentir, et d’être heureux avec ses parents adoptifs. A hauteur d’enfant, avec une approche inédite et beaucoup de tendresse, Anne Percin illustre le formidable processus de refoulement du cerveau humain, qui sait transformer les réalités pour les rendre supportables. Sur un sujet dont on peut faire beaucoup de pathos, elle a su trouver la juste distance et signe un roman fin très réussi.