Orphans (T.1). Double disparition

Marin ne peut plus supporter ses parents. Aussi, lorsque son téléphone portable lui propose de participer à un mini-jeu de piste à travers le site « orphansproject.com », il n’hésite que quelques secondes avant de se lancer tête baissée à la recherche des indices. Et puis, il disparaît de notre monde. Mal en point, un QR-code tatoué sur la nuque, Marin se réveille dans un univers presque parallèle à sa ville d’origine, La Rochelle. Mais il y a maintenant un roi à la tête du gouvernement, et les gens meurent en laissant une empreinte musicale. Ils communiquent par télépathie, une matière devenue très importante au lycée. Marin est complètement perdu. Il se raccroche à son oncle et sa tante, qui lui apprennent alors la mort de sa famille.
Bien entendu, les parents et la sœur de Marin sont encore vivants et cherchent le jeune homme dans l’espace-temps que nous connaissons. Sa sœur, particulièrement éprouvée, se confie à une amie journaliste, Alexia. Celle-ci ne voit pas bien comment aider à retrouver Marin, mais son enquête auprès d’un institut de beauté aux soins très spéciaux, le « Seahorse Institut » pourrait bien la mener sur les traces du disparu…

Manipulations génétiques, désir de jeunesse éternelle, toute-puissance de l’argent… Claire Gratias s’attaque à des sujets terribles, d’actualité depuis Faust. Elle les entoure d’une trame à la fois fantastique et policière, et, si les deux ne se rejoignent pas dans ce tome d’exposition, on anticipe des moments d’angoisse à venir ! D’un côté, le rationnel Marin s’adapte, plutôt bien d’ailleurs, à son nouvel environnement qui ne semble pas pour le moment tyrannique. De l’autre côté, la tonique et amusante Alexia se pique de journalisme d’investigation et veut découvrir l’affaire du siècle tout en tombant amoureuse du fils du patron du « Seahorse Institut ».
Nous ne faisons qu’effleurer la partie immergée de l’iceberg, l’action prend relativement son temps et le narrateur externe sait piquer notre curiosité avec des pistes croustillantes – de temps en temps et en exclusivité des deux héros, nous suivons par exemple le patron de l’institut dans ses cyniques manœuvres. Tout est alors prêt pour un second tome (de trois) certainement dynamique et entortillé à souhait ! Une série solidement écrite qui a de surcroît le bon goût de s’appuyer sur une ville de province au riche historique…