Petit Éléphant et Ndjou-Ndjou Kalaba

Le Ndjou-Ndjou Kalaba est le grand gros monstre méchant qui effraie Petit Éléphant la nuit, quand il dort tout seul dans sa chambre. Et ce soir-là, sa maman est intraitable : il devra dormir seul. Alors Petit Éléphant partage son angoisse avec ses amis. Le récit se construit ainsi pas à pas, fondé dans un premier temps sur la répétition : tous se liguent contre lui et se moquent en inventant des douleurs certaines (lui manger le derrière, les orteils, le nez) qui le terrorisent. Dans un second temps, Petit Éléphant imagine des palliatifs pour être « transparent » et ses amis le rassurent… Mais il ne veut pas les croire. Alors, devant sa peur et alors qu’elle a enfin du temps à lui consacrer, sa maman lui propose de confectionner un Kokolé, c’est-à-dire un masque pour terrifier la terreur.

Cette histoire sympathique mêle le réel le plus quotidien (les parents surchargés et peu disponibles) et les charmes du conte africain où parlent le chat, le poisson et la poule, mais aussi le phacochère, le crocodile et le corbeau. La parole court d’un personnage à un autre tantôt pour inquiéter, tantôt pour rassurer et c’est bien connu, la langue est la meilleure et la pire des choses. Les illustrations, les découpages et les effets de matière préparent tranquillement la résolution du problème puisque le Kokolé est un masque fabriqué d’objets divers, de superpositions avec une fonction symbolique. Ainsi s’opère sous la plume d’Alain Serge Dzotap et le crayon d’Ana Zurita un mélange réussi de plusieurs traditions au bénéfice d’une peur bien universelle, celle du noir au moment de dormir…