Point décisif

Lilly aime le tennis. Raisonnablement, avec l'enthousiasme d'une activité parmi d'autres pratiquée par une enfant innocente. Mais son père, œnologue hyperactif bientôt au chômage, mesure vite le potentiel de sa fille et décide de s'occuper de sa progression sportive. Elle sera sa revanche sur la vie, elle devra briller pour lui. Il la pousse alors dans ses retranchements : entraînements intensifs, surveillance du poids. Il bouscule les règles aussi : déstabilisation des adversaires, voire insultes, et même plus... La mère, absorbée par les soins donnés au frère handicapé de Lilly, ne veut rien voir. Mais le père franchit plusieurs fois la ligne de la légalité, et la police le recherche.

C'est à la fin de l'histoire de Lilly que le roman commence, au moment où le père est démasqué et va être arrêté (on vous taira la raison exacte de cette arrestation, elle se découvre au fil du roman). C'est aussi le moment où Lilly va être débarrassée du tennis – elle a perdu l'envie de gagner – et va pouvoir revivre... Les paroles alternent : le père, et sa fille. Elle dit son malaise, sa honte devant ce père qui invective les adversaires et ce faisant lui vole ses amies, son enfance. Il explique sa rage d'être sans emploi, son envie de voir sa fille heureuse, vite dépassée par son propre désir de reconnaissance. Mêlant passé et présent pour un récit abrupt, le roman rend parfaitement compte de cet amour-haine qui unit les deux personnages principaux, sous-tendu par une mère absente et un frère « décevant », selon le père. Une plongée dans le monde du sport de compétition aux relations dures, sans aucun doute très réalistes.