Pourquoi personne ne porte plus le caïman pour le mettre à l’eau

Un jour, un chasseur vint en aide à un caïman. Il le porta sur son dos, pris aussi ses petits, et conduisit cette famille de reptiles dans l’eau. Naïf, confiant, le chasseur écouta Bama le caïman lorsque celui-ci lui dit : « Avance un peu. » «… encore un peu. » Avec de l’eau à mi-jambe, le chasseur était devenu une proie facile pour Bama et ses petits, très affamés. Le chasseur allait se faire avaler tout cru, lorsqu’un lièvre arriva sur les lieux et prit la parole. Grâce à lui, la situation va très vite se renverser. La leçon aura porté ses fruits. A présent, personne ne se risque plus à écouter le caïman ni à le porter pour le mettre à l’eau. Cette histoire, écrite par Blaise Cendrars (1887-1961) est extraite du recueil « Petits contes nègres pour les enfants des blancs », inspiré par ses voyages en Afrique. Mis en images par Merlin, le conte devient vivant. Les caïmans - la gueule d’un rouge éclatant, ouverte en grand - semblent prêts à mordre le premier venu, contrairement à leur discours rassurant. De son côté, le chasseur semble fragile malgré sa lance à ses côtés. Une page plus loin, l’illustrateur le présente en gros plan. Le buste du chasseur apparaît comme une tête coupée. Le danger devient palpable. L’eau du fleuve n’est pas d’un bleu pur. Des traces brunes apparaissent ici et là. Est-ce la couleur de la terre ou du sang ? L’ambiance sauvage de l’Afrique est là, Merlin donne le ton, nous offre des séquences très parlantes, qui donnent du piment à ce conte.