Prosper-Bobik

Prosper-Bobik, petit goret anthropomorphe, n'a jamais eu l'occasion de fêter son anniversaire pendant les sept premières années de sa vie. Suite à la disparition de ses parents - transformés en pâtés, il est recueilli par sa tante Héloise. Pour ses huit ans, il décide d'inviter toute une clique d'amis à une fête costumée, à l'insu de sa tante partie travailler. Les cochons arrivent déguisés en humains tous plus déjantés les uns que les autres. Ils boivent du thé de Ceylan et malgré les injonctions de Prosper, se conduisent comme des cochons, salissant et cassant le bel intérieur.

Héloise, se rappelant l'anniversaire de son neveu, rentre plus tôt que d'habitude et constate les dégâts mais, bonne poire, pardonne. La journée se termine sur une belle embrassade entre Prosper -Bobik et sa tante Héloise.

L’anthropomorphisme poussé à l'extrême, les illustrations luxuriantes au style un brin désuet - du moins au premier abord - et les situations carnavalesques font de cet album une espèce d'ovni surprenant et détonnant.

Maurice Sendak est un auteur majeur de la littérature jeunesse dont le célèbre Max et les maximonstres a fait les délices des enfants, des parents et des critiques, rappelons qu'il avait fait scandale et que certains enseignants et bibliothécaires l'avaient interdit sous prétexte d'immoralité voire d'apologie de la désobéissance. Ses illustrations et leur mise en page si parfaitement maîtrisées sont l'exemple parfait de l'album abouti et encore toujours, montrés en exemple.

Prosper-Bobik est sorti trente ans après le précédent album, Cuisine de nuit, qui lui aussi a fait scandale puisqu'on y voyait le petit Mickey nu !

De là à penser que Maurice Sendak a habillé ses cochons de façon outrancière pour faire un pied (de cochon) de nez à la critique, il n'y a qu'un pas ! C'est un album déconcertant qu'il faut regarder et regarder encore pour y voir une foule de détails et de situations cocasses : des cochons déguisés en pirates, clowns, monstres, dames et indiennes mais aussi des cochons tout nus, des cochons qui se conduisent comme des porcs ou pas !

La porte est ouverte à toutes les interprétations, certains ne manqueront pas de dire que cette fois encore Sendak fait l'apologie de la désobéissance. N'oublions pas qu'avant tout cet album est destiné aux enfants, que c'est à eux qu'il doit plaire ou pas, le reste n'a pas d'importance.