Qui a posé ses fesses sur le fromage du roi ?

On est d’abord frappé par le contraste entre la familiarité du début du titre (« Qui a posé ses fesses sur le fromage ») et la qualité du personnage principal (« le roi ») ainsi que celui entre les visages revêches des protagonistes et l’humour de l’introduction.

Le lecteur est prévenu : ceci est « une énigme criminelle tirée de faits réels [...] (enfin bon, si vous voulez vraiment savoir, peut-être pas si réels que ça) ». 

Le récit est découpé en chapitres. Le premier s'intitule « Le crime ». Nous pénétrons dans un compartiment de train aux côtés de Lisen von Laktum . Elle veille avec inquiétude sur un fromage précieux. En dépit de sa volonté, elle s’endort et, à son réveil, quelqu’un a « fessifié » le fromage. Horrifiée, elle hurle et ameute ainsi tous les voyageurs qui comprennent instantanément le crime de lèse-majesté commis. L’enquête peut commencer : le super fort détective Fluffenberg peut entrer en piste. À bord de son hélicoptère, il boucle le train.

Entre BD et album, cette parodie de roman policier joue avec les codes du genre : espace clos où se produit un crime, détective fûté face à des coupables potentiels ébahis, investigations menées tambour battant jusqu’à la bouffonnerie. Les empreintes de fesses sont requises, le détective confond des centimètres et des degrés et les arguments sur le visage de M. Frichti (le contrôleur) qui ressemble à des fesses sont spécieux…

Les auteurs, Erlend Loe et Kim Hiorthøy, ont créé des personnages caricaturaux avec des visages dessinés à gros traits, des vêtements rustiques, et tout cela à dessein, ce sont des « méchants » et ils ont fomenté cette histoire par pure vengeance. On appréciera aussi l’effort de traduction associé aux noms parlants (Lisen von Laktum, la famille Fraumethon) et à la qualification du crime de fessifiage. Tout est bien qui finit bien, le roi congratule l’inspecteur Fluffenberg… 

Les amateurs de BD, de farces et de polars apprécieront.