Rats

David vit à l’orphelinat sur une île rude balayée par les vents. Il y vit avec d’autres orphelins dont s’occupe Alice, une femme douce et compréhensive. Mais Daniel est triste à cause du départ de son ami Mike vers le continent. Il n’a pas de nouvelles.
Daniel est intrigué par des choses étranges qui surviennent son île : pourquoi les rats qui pullulent sont-ils aussi gros ? Que se passe-t-il à la pêcherie d’Andremann, l’homme le plus puissant de la communauté ? Quel est ce produit mystérieux que l’on utilise là-bas, dans le plus grand secret ? A-t-il un rapport avec la taille anormalement grande des poissons ?
De son côté, Mike est arrivé sur le continent où il n’a pas trouvé le bonheur espéré. Il a erré dans la rue avant de rencontrer un homme qui ramasse les enfants des rues pour les emmener dans un centre d’expérimentations. Mike est devenu un cobaye, au corps malmené, en bout de course. Il est bon pour le crématorium, où les agents gouvernementaux se débarrassent des déchets humains. Mais là, Mike, pour une fois, a de la chance : il croise le chemin du maître des lieux, Farag, qui sauve les enfants, s’occupe d’eux, les aime et les protège.
Il y a aussi le lieutenant Stevens, condamné à mort par le pouvoir totalitaire de ce monde cynique, qui veut changer le système et construire un monde meilleur.
Tous ces personnages luttent, chacun de leur côté, pour déjouer le projet Goliath et éliminer les maîtres de ce monde pourri.
Et puis, sur l’île, il y a les rats, innombrables, organisés, solidaires, intelligents … Une seule personne les comprend, communique avec eux et peut obtenir leur aide efficace, David …
David Fermer signe là un roman dystopique saisissant et passionnant. En ancrant son récit dans un univers totalitaire, dirigé une poignée d’hommes prêts à tout pour augmenter encore leur pouvoir et leur richesse, il suscite une réflexion de fond sur la valeur de l’humain dans une société et sur la place que l’on accepte de donner à la science et aux savants … fous. Quel prix est-on prêt à payer pour assurer un développement à court terme qui ne profite qu’à une poignée ? C’est l’une des questions essentielles qui traverse nos sociétés actuelles. Le roman est rythmé, bien construit et prend une dimension métaphorique avec la forte présence des rats. Ces animaux n’ont rien à envier aux hommes dans leur organisation sociale et sont un modèle de solidarité et d’entraide. Cela est, bien sûr, troublant, parfois dérangeant et nous renvoie à nos failles, nos faillites et nos divisions.