Révolution

Fille d’un prix Nobel de physique et d’une artiste-peintre, Andi avait tout pour être heureuse. La mort brutale de son petit frère lui a enlevé sa joie de vivre. Son père décide de l’emmener avec lui à Paris, sous le prétexte de l’aider à préparer un mémoire de fin d’études sur un musicien contemporain de la Révolution française. De son côté, il doit identifier un cœur datant de la Révolution Française comme étant bien celui de Louis Charles, fils de Louis XVI. Furetant chez l’historien qui les héberge, Andi découvre le journal intime d’Alexandrine Paradis, jeune comédienne embauchée au printemps 1789 par Marie-Antoinette pour distraire le dauphin. Andi plonge entièrement dans sa lecture, finissant par confondre présent et passé…
L’histoire nous promène très habilement à la frontière du fantastique ; on ne saura jamais si Andi a rêvé ou non son passage au XVIIIème siècle, complètement obnubilée qu’elle est par Alexandrine et le musicien de son mémoire, fragilisée aussi par les médicaments. Et au fond, le lecteur s’en moque, captivée par les extraits du journal d'Alexandrine, par la double recherche de la narratrice Andi sur fond de secrets de familles nobles. Le parallèle entre le frère décédé d’Andi et le jeune dauphin est suggéré sans insistance, il n’est heureusement pas la seule clé du roman. D’ailleurs, à la fin, Andi ne retrouvera pas tout de suite goût à la vie, mais elle décidera d’un sens à lui donner.
J’ai souri devant la vision très américaine de Paris, patrie de la Tour Eiffel, des métiers d’art et aussi des banlieues chaudes : que des clichés dont on ne sait si Jennifer Donnelly a conscience, tandis qu’ils s’insèrent avec bonne grâce dans l’intrigue travaillée, bien tournée. L’auteure a effectué un travail de documentation sur la période historique – voir la bibliographie finale – et soigné le rythme, l’écriture sobre. Dans une production souvent aseptisée, on appréciera l’originalité de ce gros roman solide.