Risque zéro

En 2074, les Etats-Sécurisés d’Amérique ont réussi à éliminer tout risque physique ou moral : sports, santé, arts, circulations des biens et des personnes, etc, sont entièrement sécurisés. Un monde « idéal » que Bo Marsten ne supporte pas, ce qui lui vaut des sanctions de la part du MFSSSI (Ministère Fédéral de la Santé, de la Sûreté et de la Sécurité Intérieures). Envoyé dans un centre pénitentiaire, il fabrique des pizzas et intègre une équipe de football hyper-violent. Aidé par le cyberspectre intelligent qu’il avait créé autrefois en cours, Bo parvient à quitter la prison et réintègre la société civile. Tout du moins essaie…
Roman d’anticipation, alarme quant aux dérives totalitaires de nos sociétés, Risque Zéro est un modèle du genre. Dans un futur à l’atmosphère glaçante, une civilisation entière croit à un bonheur absolu alors qu’elle est en réalité hyper-contrôlée. L’esprit critique a disparu au profit d’un consensus fonctionnant sur l’influence réciproque (voir les boutons d’acné qui se répandent, à la fin du roman). Quelques rebelles subsistent, tel le grand-père de Bo, dépositaire d’une mémoire perdue allant de la version non expurgée d’Harry Potter à l’existence de Nelson Mandela. Dans ce contexte, un héros, Bo, va oser réfléchir, faire preuve de libre arbitre et s’exposer à toutes sortes de représailles que malgré tout, il ne regrettera pas : un scénario classique, efficace. Pete Hautman joue avec les codes actuels, imaginant une fusion entre McDonald’s et General Motors, des ordinateurs baptisés WindO… le lecteur s’amuse. Très bien écrit et traduit, Risque Zéro dégage assez de suspens pour maintenir en haleine – et en effroi -, en même temps qu’il prend le temps de s’intéresser aux sentiments de Bo, narrateur complexe qui détonne dans un monde globalisant. A lire d’un trait à partir de 13 ans.