Robot sauvage

Une cargaison de robots échoue sur une île déserte. Ils finissent cassés et hors service, à l'exception d'un seul : Rozzoum 7134, réveillé par des loutres malignes. D'abord mécanique, le robot apprend vite et s'adapte à son environnement. Il ou plutôt elle devient Roz, soutien fiable des renards et des opossums, machine au corps cabossé par les intempéries. Lorsqu'elle provoque un éboulement, Roz décide de recueillir l’œuf d'oie d'un nid saccagé. Et elle adopte l'oison qui en sort, baptisé Joli-Bec.

Une belle histoire d'amour, d'amitié et d'entraide avec les animaux de l'île commence alors. Comme toutes les mamans, Roz assiste à la première baignade, au premier vol, à la première migration de Joli-Bec. Pendant l'hiver où son fils est absent, Roz sauve des frimas quantité d'animaux en construisant des cabanes. Mais un jour, trois Recup arrivent pour nettoyer l'île des robots morts et… de Roz. Le combat est âpre, Roz y perd bras et jambes. Il est décidé qu'elle ira se faire soigner chez son fabricant, pour mieux revenir ensuite auprès des siens.

La forme du récit est classique : un narrateur externe raconte au passé l'histoire de Roz. Mais quelle histoire ! Profondément originale, elle navigue sur une tendance actuelle (jusqu'où ira l'intelligence artificielle ?) tout en conservant des facettes de littérature jeunesse (animaux qui parlent, oison orphelin…). Et cela fonctionne bien pour le lecteur, car Roz est très vite assimilée à une sorte d'humain innocent isolé sur une île. Les sentiments des personnages sont purs, le respect entre les espèces domine.

Les nombreuses illustrations de l'auteur donnent indéniablement une unité supplémentaire à l'ouvrage. Le robot s'arrondit un peu, l'oie et le renard prennent des formes à la limite de la géométrie : tout ce petit monde qui s'entend si bien finit par se ressembler ! Si l'ennemi est absent du roman, il s'agit bel et bien de l'homme et ses usines entraperçues par Joli-Bec lors de sa migration… A méditer dès 10 ans.

« Les animaux ont un comportement tellement prévisible et obéissent à une routine tellement rigide que par moments on dirait presque… des robots. Un jour, en suivant ce raisonnement, je me suis dit que l'instinct animal est un peu comme un programme informatique. » (p. 280, notes sur l'histoire).