Rouge métro

Ce lundi d’été, Cerise met sa jolie robe rouge et prend le métro pour rejoindre son amie Clara. Un sans domicile fixe passe dans la rame où elle se trouve. Pris de folie, atteint par l’indifférence des gens, il sort un pistolet et tue ceux qui l’entourent avant de retourner l’arme contre lui.

Traumatisée, la narratrice Cerise a décidé d’écrire l’histoire pour mieux s’en débarrasser. Elle écrit au fil de ses pensées, selon sa propre logique de ressassement. Elle répète donc son envie de tout dire, reproche à ses proches de ne pouvoir la comprendre, revient sur de menus événements d’avant le drame, coupe son récit aux moments décisifs, tente une typologie des discours de ceux qui font la manche… Ce mode narratif, s’il traduit parfaitement l’évolution chaotique de ses sentiments, et s’il génère un suspense intéressant, finit tout de même par agacer. Evidemment, l’acte final fait peu de doute, mais on l’attend trop. Rouge cerise, à l’origine une pièce radiophonique pour France Culture, prend certainement toute sa mesure écouté, moins lu. Il n’en reste pas moins que ce texte original pose un regard aigu sur nos relations difficiles avec la misère quotidienne, celle que les adultes ne voient plus à force de trop la voir. Seule Cerise, jeune et sensible, encore une enfant, a su avant tout le monde que « Zieux Verts » allait perdre la tête. Mais - constat amer, regard lucide sur notre société - elle n’a rien pu faire. Très violent, salutaire, Rouge métro dérange fortement et enclenchera immanquablement chez le lecteur une réflexion sur l’exclusion.