Sierra brûlante

1867. Un Indien fuit avec sa famille la réserve où il est parqué pour rejoindre une tribu libre. En chemin, il vole deux chevaux. Leur propriétaire est tué par accident et son fils met une prime sur la tête de l’Indien. Quelques hommes se lancent dans cette chasse humaine, dont le mystérieux Dylan Stark dont on ne sait pas vraiment les motivations… L’Indien mourra mais son fils sera sauvé.

Publié pour la première fois en 1971, Sierra brûlante a obtenu le Prix européen de littérature pour la jeunesse en 1976. La toute jeune maison Le Navire en pleine ville récupère le texte aujourd’hui, en y ajoutant quelques coquilles, malheureusement… Il n’empêche que le flair de l’éditeur est là : le texte est bon, très bon. Pierre Pelot alors jeune auteur connu exposait déjà des thèmes, un style que l’on retrouvera au fil de son œuvre : huis-clos au cœur d’une nature dominante, sentiments contenus qui menacent d’exploser dans des confrontations à la violence palpable, écriture sobre qui joue sur le visuel pour exprimer les émotions… Dylan Stark est un héros récurrent qui a été illustré au départ par Hermann : c’est dire si la relation à l’image est importante dans cette série « western » sans fioritures. Impénétrable, sorti de nulle part, ce cavalier fatigué traverse l’Amérique d’une côte à l’autre. Alors pourquoi poursuivre un Indien ? Le lecteur découvre peu à peu des bribes du passé de Stark qui expliquent son intérêt (pas seulement financier) pour l’affaire et il s’étonne en même temps que lui de ses propres réactions : Dylan ne sait pas trop s’il veut sauver sa victime, et franchement, nous non plus, jusqu’au bout. Sans avoir l’air d’y toucher, usant simplement d’une temporalité linéaire et d’un narrateur externe, Pierre Pelot « met en scène » toute la psychologie de son personnage dont l’histoire se fait littéralement sous nos yeux. C’est subtil, et le roman en dévie de son intrigue première. Le contexte du désert américain et d’un rude monde d’hommes à la fin du XIXème siècle, rendu de façon minimaliste mais tout à fait crédible, sert finalement d’écrin au portrait d’un solitaire aux prises avec son humanité.