Son héroïne

Rosalie ne peut pas rester à ne rien faire lorsqu'elle assiste à une agression dans le tram. Prenant son courage à deux mains, elle devient l'héroïne de la jeune victime. Et sa mission parait alors évidente : Rosalie doit prendre soin de cette fille qui a tant besoin d'elle. Cela coule de source, n'est-ce pas ?
Construit avec un grand talent, ce roman emporte le lecteur vers un récit dont les codes semblent d'abord bien établis. Puis le puzzle se complexifie et tout vole en éclats. La lecture se vit avec un grand sentiment d'oppression et laisse le lecteur à bout de souffle. Voilà des ascenseurs émotionnels à la Misery qui mettent en valeur la difficulté de saisir toute la folie humaine. Au fil des pages, alors que le dénouement approche, il n'est possible que de saluer le grand don que possède l'autrice pour dépeindre avec un tel succès des scènes du quotidien si réalistes où la persécution est subtile et paradoxalement incontestable. Ce roman fait alors penser à Des astres, où les mots de Sévérine Vidal sont tout aussi habilement choisis pour dépeindre les sensations de gouffre et les relations humaines difficiles. Finalement, à la dernière page, il est enfin possible d'expirer le souffle si longuement retenu. Voilà un roman qui tient véritablement en haleine et qui se croque d'une traite, d'une majestueuse dévoration.