Tête à claques

« Tête à claques », ainsi sont appelés familièrement les enfants dont les adultes ne viennent pas à bout. Pourtant dans cette pièce tragique, qui sont les têtes à claques ? Stef et Mika, les jumeaux convaincus d’incendie ? ou Richard Poncelet, l’Homme du Village, le fier propriétaire de Champion, coq chanteur ? ou les enfants de l ‘école qui font bande ? ou encore Madame Odile, l’institutrice ?
L’action se situe quelque part dans une campagne industrielle belge où une petite communauté villageoise vit difficilement : Sauveur, le père travaille en usine et meurt ; Richard Poncelet, abandonne son coq qui ne chante plus ; Gina, la mère travaille tant qu’elle peut pour faire vivre ses fils, les laissant en proie aux vexations et brutalités des enfants de l’école qui culminent lors du goûter de réconciliation prévu par Gina pour le douzième anniversaire de ses fils.
La construction polyphonique fait alterner la voix des exclus qui se battent comme ils peuvent et la voix des membres de la communauté dans une série de tableaux brefs qui reprennent en éclats, les fragments les plus importants d’une nouvelle préalable écrite par Jean Lambert. Les deux textes : nouvelle, pièce de théâtre dans le même ouvrage permettent d’appréhender les spécificités de l’écriture théâtrale. La pièce se construit selon une progression dramatique implacable jusqu’à la scène finale qui éclaire l’ensemble rétrospectivement.
Les dernières répliques ouvrent une lucarne dans un univers sombre : « il faut raconter ». Raconter, jouer, transmettre pour comprendre et faire évoluer la réalité, le théâtre, de jeunesse ou non permet de vivre ensemble le parcours de l’émotion à la réflexion : de ce point de vue, c’est une réussite.