Tirez sur l’ambulance

Colin Thibert n’écrit pas pour rien des romans policiers (adultes et jeunes) : les univers des nouvelles de Tirez sur l’ambulance ont tout du noir ! Mais il s’agit ici d’humour noir, sarcastique et sanglant à souhait. Des sujets très divers sont traités, la plupart brûlants d’actualité : immigration, système de santé, retraités, pollution… L’auteur s’attaque à tout, tous et toutes. Avec une préférence, cependant, pour les nantis de notre société, en apparence sûrs de leur bon droit mais au fond pétris d’angoisses… Ca crisse, ça grince, on n’ose y croire, et pourtant si, Colin Thibert ose ! Mais ces tirs à boulet rouge sont tellement énormes qu’ils passent aisément, la moquerie n’est jamais profondément méchante, et on se surprend à avoir pitié de tous ces personnages, à vouloir les aider. Les formes d’écriture sont variées : journal intime (Marie à tout prix), récit classique à la troisième personne, relation par un narrateur témoin des événements (Le Clou). Si le présent simple est le plus fréquent, Tirez sur l’ambulance ! lorgne du côté de l’anticipation, tandis que L’Acteur idéal est un long retour en arrière. Pris par le suspens insoutenable de savoir jusqu’où iront les limites de cette indécence, le lecteur rit (jaune) et prie pour ne pas se reconnaître dans une des cibles de Colin Thibert… Un régal à la Desproges, finement ajusté, qui se dévore.