Tourne la Terre

Rotation jour-nuit, révolution terre-soleil, cercles inclus dans un format carré, Tourne la terre évoque avec poésie l’espace-temps régulier du mouvement terrestre.

L’organisation de l’album juxtapose page où se déploie en cercle régulier le texte d’Elsa Valentin en cinq langues (Français, Espagnol, Anglais, Arabe littéraire et Mandarin) et page d’illustration de Pascale Moutte-Baur qui donne forme au texte en contrepoint. La simplicité extrême du graphisme, le dépouillement de l’illustration servent la thématique : tout est mobile dans le monde, la terre, le soleil et la lune, les hommes, les femmes, les enfants aussi.

Si les orbites sont immuables, les déplacements humains se croisent, se chevauchent, s’épaulent. Si les phénomènes naturels tournent rond, les petits pieds nus au bord de la mare s’opposent aux grosses traces de pas des chaussures boueuses… Peu de choses sont écrites « Certains passent sans rien piétiner. » « D’autres ont déjà tant gâché ! » mais cela suffit pour mesurer le désordre. Par bonheur, la terre garde le rythme et dans l’œil du narrateur·trice, le rythme des humains est celui de la danse.

Il émane de cet album, un sentiment de paix et de plénitude. Est-ce le multilinguisme qui affirme tranquillement la diversité des hommes et leur égalité de langages, est-ce le mouvement des planètes comme une musique entêtante et répétitive ? Est-ce le sentiment que malgré les accrocs infligés à la nature (la malheureuse grenouille « mazoutée » en témoigne) la force de l’univers dépasse cela ? Quoi qu’il en soit, « Tourne la Terre » et les autrices nous disent que c’est bien. On les croit.