Trois petits riens

Voici un album bien intrigant ! Qui sont ces drôles de personnages, ces « petits riens » qui déambulent à travers un univers brun et un peu vide? Sont-ils quelque chose, quelqu’un, quelqu’une ? Le début du livre ne nous donne pas la réponse, ce qui ne nous empêche pas de les suivre dans leurs pérégrinations. Après avoir fait un rapide tour du monde sur le dos d’un chien et avoir atterri « dans le creux d’une cheminée », ils finissent chez Louise, qui a perdu son doudou. C’est tout naturellement que les petits riens s’emparent de cette grande mission : chercher le fameux doudou.
Au début, nous pouvons être assez déroutés, mais on se laisse séduire par le texte très joliment rimé de Michaël Escoffier :

« A travers monts, vaux et jardins, ils caracolent,
cheveux au vent, ils font les fous,
laissant leur trace et leur chagrin
dans la poussière et dans la boue. »

Et puis, tout s’enchaine, jusqu’à une fin touchante qui ne pourra que nous surprendre, le sourire aux lèvres. Les illustrations de Kris Di Giacomo, par leurs coloris et leur texture en papier kraft, réussissent à donner une impression de vide et de légère tristesse qui s’accorde avec les propos de l’auteur.
Ces deux artistes qui travaillent souvent ensemble, notamment sur l’excellent Ni vu ni connu (2009), réussissent avec cet album à se renouveler sans perdre leur fraîcheur.