Tu ne devineras jamais !

A la sortie d’une bibliothèque, au cœur de la forêt, deux amis échangent leurs aventures de lecture. Dans le récit que fait le premier, un petit cochon, se dessine un patrimoine littéraire de jeunesse : Alice au pays des Merveilles, La petite sirène, le Petit Chaperon rouge, l’Ile au Trésor… L’habileté d’Emily Ford et de Tim Warnes est d’introduire le héros au sein des images. Par la porte d’un arbre, il s’invite au Thé chez les fous et c’est l’univers de John Tenniel qui se dresse. Page suivante, le personnage/lecteur nage dans la fluidité de l’océan derrière la petite sirène d’Andersen, puis par la main, il entraîne le Petit Chaperon rouge loin des dents du (très) méchant loup. Chaque double page crée les conditions de la reconnaissance du texte, on perçoit l’ambiance et l’essentiel de chaque récit par des éléments constitutifs de l’illustration, telle la carte pour l’Ile au Trésor, le roman de Stevenson. Chaque fois l’inscription du cochon au cœur de l’image signale la fonction d’identification, essentielle pour entrer en lecture.

Lorsque le second personnage, un raton laveur, entre en jeu, on change d’univers onirique, pirates, combat intergalactique, dragons prennent place mais aussi les Trois ours ou les Mille et Une Nuits et les auteurs poursuivent leur propos : la littérature jeunesse autorise toutes les aventures et répond à tous les imaginaires.

Le troisième argument en faveur de la bibliothèque où se dévoilent ces univers tient dans le plaisir de l’échange : parler de nos lectures, c’est prendre par la main l’interlocuteur pour l’engager dans l’aventure. Un plaidoyer vivant et joyeux pour la lecture, la littérature, la bibliothèque, toutes trois nous rassemblent, nous nourrissent et font grandir !