Un goûter en forêt

La petite Kikko se réveille un matin et découvre la neige qui a recouvert le paysage. Son père est parti chez sa grand-mère pour l’aider à déblayer son toit mais il a oublié le gâteau. Qu’importe ! Kikko se sent prête à traverser seule la forêt pour l’apporter. Vêtue de sa jupe et de son bonnet rouges, elle se met bravement en route mais sa progression est rendue difficile par la neige. Elle aperçoit au loin une grande silhouette et accélère le rythme pour rattraper son père. Ce n’est pas lui qu’elle trouve, mais un ours qui l’entraine dans une grande maison remplie d’animaux vêtus comme les humains. Ils s’apprêtent à goûter et invitent Kikko.
Où sommes-nous dans cette histoire ? Une variation sur le Petit Chaperon rouge ? En tout cas, cela commence comme dans le conte : une fillette portant du rouge, une grand-mère, une forêt, une rencontre … L’inquiétude du lecteur, tout comme celle de Kikko, grandit au fil des pages, et le malaise s’installe. L’image qui la montre au bout d’une grande tablée, entourée d’animaux qui la regardent, est significative de l’atmosphère installée.
Mais Akika Miyakoshi, jeune artiste japonaise installée à Tokyo, brouille les pistes, joue avec les codes du conte, et trompe nos attentes.
Les animaux humanisés qui reçoivent Kikko avec chaleur ne sont pas des loups. Ils n’aiment pas la chair fraîche, préférant la pâtisserie et la musique. Ils sont joyeux et se révèlent de bons compagnons.
Saluons la beauté parfois mystérieuse des images en noir et blanc, réalisées au fusain. Elles entraînent dans un ailleurs parfois étrange. Seules les notes de couleurs - le rouge des vêtements et des gâteaux, le jaune des cheveux de Kikko- nous relient à une réalité plus concrète et plus rassurante aussi.
Restent cependant quelques questions sans réponses : pourquoi une maison au cœur de la forêt ? Qui sont ces animaux ? Pourquoi disparaissent-ils ? Aux lecteurs de faire à leur tout leur chemin en forêt.