Une si jolie rencontre

Martine Laffon et Fabienne Burckel se connaissent bien et on déjà donné de beaux ouvrages, comme Souvenirs de Bretagne ou Une journée sans Max. Leurs albums sont souvent marqués par le temps, le souvenir, les vieux objets, parfois l’absence. Dans ce nouvel opus, Une si jolie rencontre, on peut retrouver tous ces thèmes, entre jeunesse et vieillesse, entre amour perdu et souvenir. Dans ce grand album, Martine Laffon raconte la découverte de deux jeunes filles, Alice et Lou, dans la maison de leur grand-mère. Une grand-mère absente, disparue peut-être. Une maison endormie où le silence semble être désormais le maître. Dans cette grande maison, on trouve quelques portraits accrochés au mur, de grandes salles vides et, certainement, beaucoup de mystère. Curieuse, Lou, s’aventure un peu plus et ouvre la porte de la vitrine, près de la cheminée. Là, elle découvre le portrait d’un jeune homme et au dos un prénom, Lucien. Une lettre tombée du vieux cadre et les deux jeunes filles découvriront une belle histoire d’amour entre grand-mère et l’inconnu Lucien. Une histoire de rencontres successives, de pertes et d’amour tant promis. Mais la guerre de 1914 viendra briser à jamais cette si « jolie rencontre ». Martine Laffon, au-delà du secret, nous fait partager ici quelque chose de l’ordre de l’intime. Cette atmosphère est parfaitement ressentie par Fabienne Burckel qui, tout en continuant à se jouer des objets, souhaite également rendre un temps suspendu, celui du début du XX° siècle. De grands personnages en pied, à la façon de Klimt, des paysages aquatiques (que l’on pourrait retrouver chez Monet ou chez Munch), des grands a-plats noirs traversant les pièces, traduisent cette atmosphère d’abandon et de souvenirs devenus, peu à peu, plus présents, plus tangibles. Un album d’une rare finesse et, en somme, d’une belle nostalgie.