Violette

Violette, 13 ans, adore l’écrivain Casper Dream et ses petites fées (elle en a d’ailleurs confectionné des poupées, accrochées dans sa chambre). Elle vit solitaire dans cet univers merveilleux, fascinée par son grand frère Will en pleine crise d’adolescence. Arrive une nouvelle au collège, la jolie Jasmine, fille de riches comédiens. Violette se lie avec elle. D’abord très heureuse, la jeune fille craint bientôt de ne servir que d’intermédiaire entre Jasmine et Will, de n’avoir aucune place. Sa rencontre avec Casper Dream lui insufflera un nouveau courage.

Je connaissais Jacqueline Wilson pour ses livres intemporels et toujours justes de « petites » filles, axés sur la famille et l’amitié. L’auteur conserve ici ces deux thèmes de base, mais s’adresse à des un peu plus grandes. Certes, une atmosphère surannée et quelque peu enfantine se dégage de la vie de Violette, mais c’est bien d’une adolescente qu’il s’agit : elle s’observe physiquement, se souvient d’épisodes marquants (« Dans le temps, […] », p. 37)… Violette un peu triste manque de confiance en elle, se cherche des modèles. Nostalgique de l’enfance, elle veut en même temps s’en affranchir, et sortir de l’emprise psychologique de son frère. Narratrice fine, elle n’analyse ni soi ni les autres, mais raconte simplement son quotidien : ce sont dans les détails – habits, nourriture, lieux, petites actions – que se cachent les vérités. L’histoire en elle-même n’est pas forcément plus complexe que dans d’autres livres de l’auteur, mais sans doute plus riche dans l’expression des sentiments : ellipses, symboles, contradictions viennent brouiller le message. Sur fond de secret de famille juste avoué et de relations avec les parents pas évidentes, amitié, amour et rejet se mêlent entre le frère et la soeur. Jasmine est un contrepoint d’équilibre, une jeune fille séduisante moins superficielle qu’il n’y paraît. L’introduction d’un auteur mythifié, ce fameux Casper « Rêve », dont la célébrité n’a pas ôté les premiers doutes, confère à l’ensemble une troublante sensation de mise en abyme. Usant de gravité avec son héroïne solitaire, Jacqueline Wilson touche encore ici avec brio aux sentiments les plus intimes.

Et puis j’avoue que l’idée des poupées, déjà vue dans Lulu Bouche-cousue du même auteur, est plaisante pour qui aime les travaux manuels : l’auteur nous en livre des petits secrets de confection !