Visages

Depuis Arcimboldo on connaît les visages composés de végétaux divers associés aux saisons. Depuis les dadaïstes, on connaît les détournements d’objets qui créent du nouveau, suscitent la curiosité et stimulent l’imaginaire ! Dans cette veine, Zoe Miller et David Goodman, designers anglais ont conçu pour la Tate Gallery, l’album Visages. « Joue », « crée », deux impératifs nichés au milieu d’outils et d’engrenages invitent à laisser libre-cours au regard. L’accumulation des formes et des couleurs ont valeur d’argumentation : « partout autour de nous » se cachent des visages gais, tristes, évidents. « Deux ronds et une ligne » suffisent. Les auteurs utilisent toutes les matières, douces ou rugueuses, avec une préférence pour le bois peut-être. Les superpositions, les collages, les couleurs, quelques jeux de transparence ou des découpages peuplent les pages colorées et invitent à l’action les artistes en herbe.
Néanmoins, la répétitivité du principe et des ambiances, le texte monocorde lassent un peu. L’album est intéressant mais on a vite compris et si la démonstration est pertinente, on ne trouve pas la fantaisie modeste de la petite collection Tête de lard chez Thierry Magnier qui invite aux mêmes découvertes. La fonction de ces albums, véritable école du regard, est importante, mais la preuve demandée à Einstein lui-même « l’imagination est plus importante que la connaissance » ne valide pas tous les exemples. Ce Visages ci, manque de poésie.