Le roi bébé

1^er acte de la comédie que déroule l’album : la NAISSANCE ! Dès ce moment, le Roi Bébé s’adresse avec condescendance à ses sujets « Approchez, approchez ! Depuis le temps que vous m’attendiez… »

On voit le Roi Bébé, emmailloté, sourire radieux, couronne sur la tête, dans son berceau et ses parents au garde-à-vous. Devant lui, défile la foule attendrie ; devant lui, s’accumulent les cadeaux.

Le ton est donné, le Roi Bébé est promesse de tyrannie, consciente et heureuse.

Il parle de lui à la troisième personne et au futur de majesté. L’illustration ouvertement redondante explicite l’esclavage des adultes à quatre pattes, leur addiction aux photos, les bisous des grands-parents… C’est rythmé comme une BD, gentiment caricatural et tout le monde s’y reconnaîtra.

Acte 2, l’émerveillement des premiers jours laisse la place à une grande fatigue des adultes et il faut voir la mine défaite des parents esclaves à qui le Roi Bébé s’adresse à l’impératif, en mode autoritaire. Kate Beaton prend un malin plaisir à représenter le bazar intégral créé par le bébé autour de sa chaise haute où s’entassent les jouets divers face aux parents effondrés.

Acte 3, le Roi Bébé grandit. Une longue séquence relate ses progrès. Il s’agite sur son tapis de jeu et la façon dont l’auteure-illustratrice symbolise l’émancipation du Roi Bébé qui arrive à saisir son canard en rampant est irrésistible et prélude à d’autres victoires, la marche, le langage.

Acte 4, moment de bascule, le grand garçon peut-il être un enfant roi ? Il ôte sa couronne mais « qui les dirigera, sinon MOI ? » C’est alors que, coup de théâtre, entre en scène, « la Reine Bébé ».

Mélange d’humour presque grinçant et de tendresse, cet album pointe les modes d’éducation actuels, ses excès, ses bonheurs. Si les enfants agissent en tyran, à qui la faute ? L’auteure laisse ouverte la question. Est-ce un album pour enfants ? A offrir aux jeunes parents comme un avertissement ou pour relativiser leurs difficultés ; à offrir aux enfants, en miroir ? Très drôle pour tous !