Adieu croquettes ! / Adieu caresses !

D’un côté, Pipou, le chien mignon d’Axel. De l’autre, Pacha, le gros chat tigré de la petite Rosa. Parce qu’une mémé à pigeons a traité l’un de « chou », l’autre de « grassouillet », les deux animaux domestiques vont se rebeller, mais très intérieurement. Sur une des faces de cette double histoire (principe de la collection Boomerang), Pipou va se motiver pour sentir « le loup qui est en lui », et attaquer soit le facteur, soit le chat Pacha, soit son petit maître. Parallèlement, Pacha s’imagine en tigre, pense aussi à « bouffer » (c’est son terme) le facteur, Pipou, et enfin Rosa elle-même.

Bien sûr, aucun des deux animaux n’a l’instinct ou les gènes pour accomplir son forfait. Pacha est trop lent et rate ses sauts, Pipou jappe lamentablement alors qu’il veut grogner… Le contact avec les humains est trop confortable, particulièrement le soir lorsqu’on s’endort collé contre son petit maître ou sa petite maîtresse. Alors, adieu la sauvagerie animale, bonjour croquettes et caresses !

Porté par un narrateur externe sur un ton truculent, le double roman donne à penser – sujet en vogue – à notre rapport à l’animal et plus loin la nature. Quelle est notre responsabilité vis-à-vis de ces chiens et chats dont nous avons volontairement coupé les griffes pour en faire des compagnons ? Axel et Rose sont des enfants adorables, et l’histoire de Pacha et Pipou (quels noms !) fait beaucoup rire. N’empêche, ils sont bel et bien des cousins du loup et du tigre… Pour sourire et pour réfléchir (un peu).

« S’attaquer à un chien, voilà une action digne d’un tigre du Bengale. Ou de celui de Sibérie. Ou même celui de Java. C’est la classe, quand on songe à tous les endroits extraordinaires d’où viennent les tigres. Et bientôt, il y aurait une classification supplémentaire, le tigre Pacha, de France. Une bête unique, en voie d’apparition. » (p. 22)