Le capitaine Etoile-de-mer

Pour la fête de l’école, Nathan doit participer au défilé déguisé en animal sous-marin. Il a choisi d’être une étoile de mer. Pourtant, il ne se sent pas très brillant. Il est saisi par un sentiment de malaise qu’il connaît puisqu’il a déjà renoncé à participer à une course, persuadé d’arriver dernier. Il a également fait demi-tour pour ne pas être déguisé en dinosaure à l’anniversaire d’Emma ! L’ensemble de ces renoncements est connu de ses parents et même s’il est inquiet de décevoir sa maman, Nathan n’arrive pas à surmonter sa peur. Lorsqu’il annonce qu’il n’ira pas au défilé, sa mère compréhensive lui propose d’aller visiter un aquarium. Confronté au poisson-clown qui se cache, il va s’identifier à ce joyeux petit poisson qui joue avec la présence et l’absence pour exister. On compatit avec Nathan, son air malheureux comme son compagnon lapin. On éprouve sa faiblesse face à l’obligation dans laquelle il est d’être fort et présent avec les autres. Face à ces contraintes qui pèsent, sa solution est la fuite, le retrait, caché sous le tapis, sous la couette, dans sa bulle.

L’univers de Nathan est moderne (voitures, maison, salon) et dans cette vie qui peut sembler douillette, l’illustration rend compte de sa solitude intérieure. Voûté comme portant le poids du monde sur les épaules, minuscule et perdu dans son déguisement de dinosaure ou d’étoile de mer, peu héroïque dans son dialogue avec les cow-boys du papier peint, les couleurs très douces, le mélange entre monde réel et monde imaginaire contribuent à l’empathie qui s’installe à l’égard de Nathan. Cette histoire emblématique d’un mal-être pose la question de l’aide à lui apporter. La troisième voie qu’il choisit, ni affrontement, ni soumission, est-elle un choix ou une échappatoire ? Sa maman laisse faire, est-ce comme cela qu’elle l’aide ? Un album raffiné et doux pour un récit actuel au scénario ouvert. Un beau livre pour ouvrir le dialogue sur nos peurs ou le sentiment d’insuffisance qui peut saisir les enfants.