Le retour du jeudi

« - J’ai le plaisir de vous annoncer une sortie scolaire ! Ces mots atroces sont sortis de la bouche de Mme Bachelet, notre professeur d’histoire. Et personne ne s’y attendait, car Madame Bachelet fait partie des professeurs sympas, de ceux qui ne nous réservent pas trop de mauvaises surprises. C’est d’habitude quelqu’un sur qui on peut compter. Ce jour-là, c’était la trahison suprême, le coup de couteau dans le dos. »

Vous l’aurez saisi : apprendre qu’une sortie scolaire aura lieu jeudi prochain au Château de Versailles ne remplit pas de joie Lucien, lequel prend soudain conscience des dommages collatéraux que cette sortie va occasionner dans sa vie jusqu’alors bien réglée de collégien de 4ème. Qui dit « sortie scolaire », dit en effet « voyage à transpirer dans un car bruyant », « pluie [qui forcément] va gâch[er] la visite » et « énervement collectif » !

Et pourtant le pire reste à venir pour notre adolescent boudeur puisque à ce moment du récit, il ne sait pas encore qu’Aymeric Pichu, le grand frère de la non moins célèbre Sandra Pichu (la meilleure amie de la petite-amie de Lucien, Fatou), gigantesque et musclé étudiant de 19 ans au sourire désarmant, et sa propre grand-mère de 69 ans dont nous avions suivi les frasques dans les trois précédents tomes des aventures de Lucien (J'aime pas le lundi, Mardi maudit, Mercredi gentil) seront les accompagnateurs de sa classe…

Bien que Lucien s’en défende farouchement, plus il grandit, plus le lecteur s’attache à lui et le trouve touchant. Il parvient, tome après tome, à rendre son quotidien d’adolescent tour à tour épique, drôle et émouvant. Tout le mérite en vient très certainement à la sensibilité, à l’humour et au style percutant de son créateur qui, de manière très juste, non seulement transforme des anecdotes du quotidien qui pourraient paraître dérisoires, en aventures délirantes et drolatiques, mais qui pointe également chez les divers protagonistes de cette série des « failles » (comme la maladresse à communiquer du père, l’excentricité de la grand-mère, la mauvaise humeur de Lucien) pour en faire des atouts.

Le récit se terminant cette fois-ci sur un « cliffhanger », pour plagier le vocabulaire cinématographique anglais de Lucien, nous avons hâte de savoir ce que vendredi réserve comme surprises au jeune homme !