Bonne fête, mouton !

Ahmed ne viendra pas à l’école demain parce qu’il fête l’Aïd, grande fête musulmane, en famille. Son copain Arthur est horrifié lorsqu’il apprend qu’à cette occasion, un mouton est tué. ll décide donc de monter avec Julien et Antoine une opération clandestine de nuit pour libérer l’animal condamné. Nous suivons donc l’épopée burlesque des enfants, un peu Pieds nickelés, qui tentent la libération et échouent dans leur projet. Ils apprennent à leurs dépens la place et le rôle symbolique de cette fête dans la pensée musulmane. Leur escapade tourne à leur désavantage parce qu’elle démontre leur méconnaissance de la religion et leur confusion de pensée puisqu’ils se voient en sauveurs et même en vengeurs de la chèvre de Monsieur Seguin ! Impitoyables, les auteurs les confrontent à la réalité de notre alimentation qui massacre allègrement les animaux.

La gravité de la question, la densité des thèmes abordés questionnent sur le public visé. Les personnages représentés, censés être des écoliers puisqu’ils sortent de l’école communale, ressemblent plus à des adolescents qu’à des enfants. Le parti-pris graphique du noir et blanc donne à cette histoire destinée à de jeunes enfants une austérité peut-être contreproductive. Ces dissonances risquent de brouiller le message et la démonstration pourtant très nécessaires. Un album passionnant par la volonté de lever les tabous et les questions qu’il pose à chacun d’entre nous. Texte et images pris séparément sont de grande qualité ; le manque de cohésion entre les deux risque de nuire à la réception de cet album. Ce serait vraiment dommage.