Passe-passe

Dans une campagne idyllique, un papillon albinos volette jusqu’au banc où sont assises une fillette et sa grand-mère. L’insecte semble hypnotiser la grand-mère, et la poursuit même. Bientôt, la vieille dame devient blanche comme le papillon. La petite fille ne s’inquiète pas, rit et entraîne sa mamie dans une promenade à vélo. Le papillon suit. Mais la grand-mère tombe violemment, et le lecteur s’aperçoit que le papillon se colore un peu… etc, jusqu’à la disparition complète de la grand-mère qui s’efface, laissant place à un magnifique insecte rouge, jaune, vert.

Sans une seule parole ni effet de sonorisation, sous la forme originale de la bande dessinée et d’un dessin tout en mouvement, ce tour de « passe-passe » aborde le sujet grave de la mort avec une douce poésie, et sans tristesse. Il y a beaucoup d’imagination dans cet effacement progressif, et une volonté de responsabiliser le lecteur en le laissant seul face aux images : absence de texte donc, mais aussi d’autres personnages, et décor bucolique extrêmement simple. La fillette aux belles joues roses ne se départ jamais de son grand sourire, gage d’apaisement, de solidité et donc d’un avenir qui n’oubliera pas, mais avancera. Car le papillon, restant pour symboliser la grand-mère, est un choix gracieux, mais lui-même bien éphémère... Joli et profond.