Le sorcier vert

Dans cette collection, le texte et les images entretiennent des rapports particuliers. L’auteur développe le récit en marge ou en « correspondance », au sens poétique, d’une production plastique créée préalablement et indépendamment par un artiste, ici Muriel Kerba. Ces liens subtils entre texte et images créent un album original où chacun peut rêver à sa guise. L’univers foisonnant, fait de transparences et d ‘entrelacs colorés évoque des paysages intérieurs et des réseaux souterrains capillarisés, matrice du thème de la forêt choisi par Valentine Goby.

L’histoire racontée est celle de Sebastiao Salgado, très grand photojournaliste. Au plus près de sa biographie, l’auteure décrit l’itinéraire de ce reporter qui, en situation de dépression, éprouve le besoin vital de retrouver sa terre natale, le Brésil, besoin de se ressourcer au sein de la forêt nourricière de son enfance. A l’arrivée, horreur, la forêt a disparu, victime de l’activité humaine.

La force de cette histoire tient à sa véracité et à la souplesse de l’écriture de l’auteure. On lit le pari fou de Sebastiao, on entend la voix des autochtones qui ne croient pas au projet insensé de reconstituer la forêt perdue, on éprouve l’incertitude de la réussite et la dureté des échecs.

Dans un style simple, à hauteur d’enfants, toute l’histoire se déploie de la tristesse poignante de la désertification jusqu’à la joie du retour des oiseaux. Les auteure-illustratrice offrent ainsi à la lecture une fable optimiste, vibrante d’espoir, ouverte à la (bonne) volonté de chacun.