Le Roi la graine et leurs enfants

On dirait deux contes déjà connus en parallèle… Dans un pays lointain, un couple désire ardemment un enfant, même un tout petit : il sera exaucé avec l’arrivée d’un enfant pas plus grand qu’un grain de riz. Dans ce même pays lointain, le roi erre sur son cheval, plantant des graines de gingko biloba un peu partout, oubliant de gouverner. Rien ne prédisposait ces personnages à se croiser. Mais le minuscule enfant et le roi vont tous les deux être avalés par un dragon, et réussir à s’en sortir grâce à leurs forces conjuguées. Le roi, qui a enfin exaucé lui aussi son vœu le plus cher de vivre dans un pays de forêts, va donner sa couronne à l’enfant. Perché sur un arbre, ce dernier n’aura plus qu’à rêver à son tour…

Il ne fallait pas attendre d’Alex Cousseau une histoire trop facile, trop évidente. L’auteur joue des récits attendus pour mieux les rendre personnels. Il nous parle ici des désirs qui nous motivent profondément, différents pour chacun et tous dignes d’intérêt. Le roi ne tient pas son rôle, mais sans dommage pour son pays : et alors ? Le couple veut un enfant, il s’avère que celui-ci ne sera jamais comme les autres : et alors ? Au plus jeune donc d’inventer maintenant sa destinée, jolie et faussement futile… Sur cette poésie presque ontologique, Eva Offredo pose ses claires, douces illustrations au tampon, ses traits fins et gracieux au style japonisant. Sur les fonds blancs, les quelques couleurs (y compris pour le texte) s’épanouissent et nous disent toute la profondeur des émotions, des actions des personnages. Un joyau inattendu.