Debout sur l'eau

Dans un pays froid, un ours regarde jour après jour des hommes partir à la pêche sur leurs canoës.

En observant des fourmis posées sur une feuille qui flotte sur l'eau, l'envie lui vient de faire de même, il saute donc sur le canoë de Yun l'indien qui casse tout net sous son poids. Yun attrape l'ours à l'aide de la corde qui rattachait son canoë à la rive. Après l’avoir copieusement grondé, il lui fait constater les dégâts et l'ours s'excuse platement. Ils se mettent alors au travail pour construire un canoë qui tiendra le poids du plantigrade. L'un et l'autre mettent leurs connaissances en commun pour trouver, transporter puis façonner l'arbre.

En commençant son histoire par « Il était une fois », Yacinthe Reisch ouvre directement la porte du conte et s’octroie les droits inhérents au genre : c'est ainsi que l'ours réfléchit comme un humain - ou comme un enfant- , il parle avec l'homme et accepte ses conseils. L'indien quant à lui utilise la force de l'animal pour mener à bien la construction de ce canoë géant, qu'il ne pourrait jamais construire tout seul.

Le choix de la technique d'illustration donne une très grande douceur et un certain flou à l'histoire : le lavis d'encre de chine permet à l’auteur de travailler le blanc et les nuances de gris et de créer un travail sur le plein et le vide, mais amène - contrairement au texte - à des incohérences plus difficiles à intégrer : Yun est représenté comme un indien des plaines avec sa grande plume noire et son visage acéré. L'ours est blanc (même si ce n'est qu'un effet du dessin) faisant immédiatement penser à un ours polaire et la rencontre entre les deux paraît donc hautement improbable : pas très important bien entendu mais un peu maladroit.

Il n'en reste pas moins que c'est un bel album chez un éditeur tout neuf : à suivre donc.