La jeune fille au ruban

Flandre, Haut Moyen-Age ou début de la Renaissance. Marijke, onze ans, travaille dans une maison bourgeoise. Un jour, elle trouve une graine étrange, la plante au fond du petit jardin, s’étonne de voir grandir si vite et si haut le végétal. Elle grimpe sur la tige (le tronc ?), et regarde par-dessus le mur des paysages incongrus, qui suivent les saisons. Ce sont des jeux dans la neige, des moissons laborieuses… A chaque fois, un gentil jeune homme chercher à interpeller Marijke : il dit se nommer Gerlof, veut devenir un peintre célèbre et lui promet qu’il la retrouvera quand elle sera grande. Car au fil du temps, la plante s’est flétrie, et Marijke ne peut plus voir le monde magique derrière le mur. Les années passent, Marijke attend. Inévitablement, Gerlof la retrouvera.

La belle histoire d’amour, racontée avec un charme discret, est aussi un hommage à la peinture flamande. Les paysages aperçus par Marijke s’apparentent ainsi à des tableaux fameux de grands artistes, des clins d’œil retrouvables à chaque page - avec un adulte et un bon documentaire à feuilleter pour se régaler. La maisonnée également, bruissante d’agitation (Marijke est souvent appelée pour telle ou telle tâche), prend des airs de compositions picturales : jardin de mille fleurs, scène de préparation du repas, grand couloir en damier, etc. D’ailleurs, l’illustratrice a habilement disposé, en marge de l’image s’étalant sur la double-page, un pinceau ou un flacon d’huile de lin… Même le chien s’apparente au petit loulou des Époux Arnolfini (Van Eyck, 1434). C’est superbe, artistique, instructif sans en avoir du tout l’air, et un brin malicieux aussi : Gerlof et Marijke, devenus riches à leur tour, sont beaucoup plus généreux avec leur petite servante !