Le voyage de Samson

Mats a un meilleur ami. Il s'appelle Samson, il a dix ans comme lui, et c'est un chien. Depuis quelque temps, Samson est fatigué. Mats, qui a perdu très jeune son père et vit seul avec une mère passionnée par son travail de sage-femme, n'admet pas que le vétérinaire propose que Samson « parte en voyage » tout seul. Le petit garçon décide donc d'emmener Samson chez son grand-père, qu'il n'a pas revu depuis très longtemps mais dont il connaît le caractère fantasque et permissif. Quelques trains et aventures plus tard, voilà Mats et Samson en pleine campagne, dans une maison fabuleuse avec un noyer en son milieu. Papy-vingt-scies continue à fourmiller d'idées et Samson retrouve un regain de jeunesse... Entre des émotions intenses et des remèdes à base d'herbes, Mats va pouvoir accepter la disparition de son animal, se faire de nouveaux jeunes amis (humains) et renouer un dialogue avec sa mère.

Évidemment, du point de vue de l'apprentissage d'un enfant, la mort de l'animal rebondit sur le deuil d'un proche en général. Mais la relation de Mats et Samson est ici aussi décrite pour elle, avec une communication adaptée (les yeux...), des souvenirs partagés, et une fusion aussi belle qu'étouffante pour le garçonnet. Annette Mierswa n'élude pas une gravité lourde à porter : le père absent, le grand-père vieillissant, la mère enfermée dans son travail... Mais elle tourne son livre vers l'espoir et l'amitié à travers les rencontres des jeunes Tammo et Merle (qui eux-mêmes ont vécu des drames) et un rapport revigorant à la nature. Très finement écrit et traduit, portant toute son attention au quotidien pour mieux tendre au lendemain, le livre se ressent avant de se comprendre. Il offre un moment à part, suspendu dans la vie de Mats, et qui signera sans aucun doute l'évolution profonde du petit héros. On versera quelques larmes car l'histoire est triste, mais la beauté du texte, sa signification faite de suggestions valent tous les chagrins du monde.