De rêves et d'eau

Une petite fille vit dans une cabane grise plantée dans l'immensité d'une eau marron. Seule, très seule. Pour distraire ses angoisses, elle se raccroche au souvenir de son grand-père et elle envoie des bouteilles à la mer, avec des soleils dessinés sur des petits papiers dedans, afin que ses parents disparus en reçoivent une... Un jour, elle tombe à l'eau dans une bulle, et part vers une île enchantée tout en couleurs. Les animaux y sont rois, les arbres bourgeonnent, l'eau pure coule à flots. Un rêve et un bonheur... et puis la fillette se réveille. Encore seule, encore dans un environnement pollué, mais l'espoir au cœur.

Album d'une apocalypse où les océans auraient envahi les espaces de terre, écrit et illustré assez pertinemment par des artistes taïwanais, De rêves et d'eau ne manque pas de force. Le texte poétique se veut songeur (statique?) pour mieux exprimer toute la tristesse d'une orpheline qui survit. Les dessins aux tons doux suivent la progression de l'héroïne et inventent encore son univers, avec de nombreux détails à valeur de symbole (le masque qui pleure, le banc de poissons vifs qui fonce sur la petite fille, la plume dans la bouteille, etc.). La réflexion est inévitable, essentielle : « Bleu azur devenu gris argent, le passé ne reviendra plus, nous devons protéger le monde qui nous entoure ». Effectivement, les souvenirs ne sont ici que regrets et photographies d'un autre temps... Il faut agir maintenant !