Papy Superflash

Papy, dans son fauteuil, lit son journal et fume la pipe. Pantoufles au pied et chat tranquille à ses côtés, avec ses cheveux ondulés et sa belle moustache, il a tout d’un major anglais. Devant lui, en admiration, Benjamin, son petit-fils, rêve de super-héros. Or, son Papy comme il dit (ou croit ?) a été Superflash. On reconnaît le schéma du personnage, quasiment insipide qui cache (bien) son jeu et va se transformer en sauveur.

La transformation ici est révélée, elle est visible sous la double action du garçonnet et de Greenman. L’humour de la situation tient à la mutation laborieuse du grand-père qui se laisse gagner par le sentiment de l’urgence : il faut sauver les arbres et la cité elle-même des flammes et même Greenman ne peut y arriver tout seul. Papy va retrouver la forme par étapes. On se demande un peu pourquoi Benjamin ne fait qu’assister à cette métamorphose… En fait, à travers la voix de Benjamin, on entend une histoire d’affection filiale, un peu décalée.

Les illustrations traduisent bien le sentiment de petitesse qui saisit le petit-fils. Le regard toujours rivé sur le grand-père, il vit à travers Superflash, sans imaginer qu’il pourrait devenir héros à son tour. Très dynamique, le trait vif découpe les scènes auxquelles le montage sonore donne un grand relief. Les voix claires et nettes, la musique sont partie prenante de l’intérêt de récit. Tout souligne de façon convaincante la dimension cinématographique. Les musiques parodiques de certaines fictions américaines, le rythme des voix et des musiques ne sont pas qu’un agrément. Elles orientent la lecture et ce qui peut apparaître comme peu vraisemblable, avec un enfant passif face à l’urgence écologique, devient une comédie joyeuse et tendre qui joue avec les codes héroïques et les clichés des séries télé.