Fantoccio

A Sienne, la sorcière Strega dit les mots qui éveilleront le pantin de bois du saltimbanque Giuseppe. En quelques heures, Fantoccio est né. Il parle, il pense, il apprend à lire et bientôt il aime la belle Livia, sa compagne de danse lors des spectacles du « maître » Giuseppe. Avide d'humanité et plus ou moins conscient d'elle, Fantoccio écrase le grillon du logis, fabrique un petit pantin pour lui, un « fantoccino ». Livré à lui-même quelques jours, « l'homme-marionnette » se taille un nouveau nez tout en longueur afin de pouvoir circuler dans les rues sans être reconnu, vêtu d'un gros manteau. Il s'acoquine avec des voleurs, découvre le sexe, et finit par se moquer d'un ponte lors d'une fête endiablée. Pourchassé, Fantoccio se réfugie chez Livia. Et puis, contre la vie de la Strega consentante, il achève sa métamorphose, devient homme : la vie est devant lui.

On connaît le conte de Collodi, on a vu des films, d'animation ou pas. Gilles Barraqué revient à la source de l'histoire, à ce qu'elle véhicule fondamentalement : une interrogation sur notre humanité, sujet dérangeant et difficile à expliquer. Plongés sans doute au XVIIIe siècle (il est question de Goldoni comme d'un auteur novateur), ses personnages sont crus, petites gens aux sentiments un peu frustes, au moins simples. Fantoccio grandit dans cet environnement, apprend, imite aussi. L'écriture est fluide, les réflexions nombreuses, pas si lointaines du précédent beau roman de l'auteur, Au ventre du monde. Une version pour grands adolescents ou adultes.